Des Egyptiens que j’ai connus à Paris : Gamal al Ghitani, la plume et l’âme (9)
jeudi 30/septembre/2021 - 11:59
Les causeries du vendredi à Paris
Des Egyptiens que j’ai connus à Paris :
Gamal al Ghitani, la plume et l’âme (9)
J’ai rencontré ce grand homme disparu au domicile du regretté Ali , qui était un journaliste éminent à l’Agence France Presse (nous lui consacrerons un article à part) et Farida al Choubachi qui était alors une vedette à Radio Monte Carlo.
Gamal al Ghitani a été surpris lorsqu’il a appris que je suivais de façon passionnée ses écrits mais uniquement lorsque ils sont publiés en français chez Seuil et que je n’avais rien lu de lui en arabe. lorsqu’il revint à Paris, il amena avec lui deux gros cadeaux : un ensemble de ses derniers romans avec des dédicaces denses qui donnent à réfléchir et incitent à la méditation. Et le dernier numéro du journal « Akhbar al Adab » (les nouvelles littéraires) qu’il avait lancé au Caire quelques mois plus tôt. Ghitani m’invita à écrire dans le journal de façon régulière. Cette invitation me donna l’occasion d’entrer dans le monde du journalisme grâce à un article hebdomadaire sous le titre « le marché français » du nom du fameux marché d’Alexandrie qui existe toujours rur Noubar derrière le tribunal d’al Haqaniya.
Avec Gamal al Ghitani, on se trouve en présence de l’âme égyptienne : ni artifice ni faux-semblant. Vous marchez à ses côtés à Paris, en lui racontant des histoires, et il y répond par les histoires du Caire mamelouk et des vieilles d’al Gamaliya. On a l’impression qu’il est le témoin de deux millénaires : celui du Caire et celui de Paris.
LorsqueLe Nouvel Observateur décida de consacrer un numéro aux écrivains de la Méditerranée, elle le choisit pour représenter la littérature égyptienne et me choisit moi pour la traduction de son article.
Le lien étroit d’al Ghitani avec le prix Nobel de littérature Naguib Mahfouz donnait à son âme égyptienne authentique un parfum et une senteur qui pénétraient directement dans le cœur.
Ma joie fut sans bornes lorsque je le rencontrai au siège de « Akhbar al Adab » au Caire . Il m’invita aloes à déjeuner chez lui en présence de son épouse, la grande écrivaine au style remarquable Magda al-Guindi.
La voiture du journal traversa les rues du Vieux Caire, tandis que Ghitani racontait l’histoire de chaque porte et de chaque ruelle. Notre voiture semblait traverser ainsi les siècles en se dirigeant vers le quartier d’al Maadi ou il habitant. j’aurais alors voulu que le parcours se prolonge, que les feux rouges tombent en panne et que la foule de nos ruelles augmente pour que ses anecdotes sur l’Egypte ne s’arrêtent pas.
On s’est promis de se rencontrer à Paris pour visiter la maison et le musée de Victor Hugo ensemble.
Mais la maladie attaqua le cœur d’al Ghitani. Ce cœur rempli d" histoires de l’Impasse Zaafarani", de "Zayni Barakat", ou "des Papiers d’un jeune ayant vécu il y a mille ans" (elle est une de ses premières œuvres). Se grand cœur et son âme renferment nos deux millénaires ne put vaincre la mort.
Victor Hugo nous attend toujours, mon ami…